Sociétés : Appel à contribution numéro thématique Les fonctions de l’archétype

Appel à contribution numéro thématique Les fonctions de l’archétype


Les archétypes peuvent être compris comme le résultat ou la sédimentation d’expériences vécues, ou, inversement, on peut voir en eux les facteurs qui créent la réceptivité à l’expérience, qu’ils rendent ainsi possible C.G. Jung, Psychologie de l’inconscient (1926)


Souvent au centre de débats anthropologiques, philosophiques et psychanalytiques, la notion d’archétype n’a pas reçu la même attention de la part de la sociologie. Les raisons de ce désintérêt partiel sont multiples, mais toutes tiennent d’une certaine manière aux traits universalistes et substantialistes – considérés comme typiques de ce concept – qui s’accommodent mal de la vision constructionniste largement adoptée par notre discipline. Dans ce cadre compréhensif, quelles sont alors les fonctions de l’archétype ? Une question nous permettant de nous interroger sur le sens qu’une notion peut prendre dans les diverses formes d’adaptation aux enjeux de la compréhension sociologique. Dans le débat des sciences humaines et sociales, nombre de réflexions ont mis l’attention sur le rôle de l’archétype. Souvent trop ancré dans une perspective seulement psychanalytique, l’archétype s’insère dans une visée épistémologique et méthodologique d’une sociologie des profondeurs (Maffesoli, Durand) qui vise à comprendre et interpréter les imaginaires collectifs. Saisir les fonctions de l’archétype signifie également remettre au centre un type de regard sociologique qui se plonge dans le réel pour déchiffrer les configurations sociales à travers une dimension archétypale nous permettant de comprendre la socialité dans ses mouvements de changements pérennes. La perspective archétypale offre la possibilité à la sociologie, et de manière plus spécifique à la sociologie de l’imaginaire, d’un domaine de recherche applicable à la construction sociale de la réalité dans ses diverses ramifications. Cette perspective nous dirige vers un type de « formisme » sociologique (Simmel, Maffesoli), ou bien une « sociologie figurative » (Tacussel), pour donner signification aux sphères symboliques qui contaminent l’imaginaire social. L’archétype ainsi doit être pensé et repensé dans une optique d’interprétation de l’imaginaire et peut constituer un modèle à la fois méthodologique, comme l’archétypologie durandienne, ou bien théorique de compréhension des effets sur le social à partir de dispositions comme par exemple le monde des médias, le corps, les émotions, la mode, les arcanes de l’imaginaire dégagé dans les films et séries...


Toutes choses qui nous conduisent à interpréter des nouvelles réalités de la connaissance du quotidien à travers la forme archétypale et par ce fait de donner forme à une phénoménologie de l’existence sociale.
L’intention de ce numéro de la revue Sociétés est de montrer les diverses dimensions de l’archétype comme forme d’application du sens sur les choses, mais aussi comme expérience empirique de terrain. Si par le biais d’une archétypologie du quotidien on pouvait fonder un sens de l’imaginaire collectif, cela nous amènerait à la constitution d’un ensemble de narrations formant une perception des dimensions du vécu. Ou bien aboutirait à une construction d’idées, au sens de Platon, pour définir cette réalité que, comme nous le rappelle Schopenhauer dans l’idée des représentations, nous expérimentons.


Bibliographie de référence (non exhaustive)


Bachelard G., Le nouvel esprit scientifique, PUF, Paris, 1971.
Durand G., Les structures anthropologiques de l’imaginaire. Introduction à l’archétypologie


générale, Dunod, Paris, 1960.
Durand G., Les champs de l’imaginaire, UGA éditions, Grenoble, 2018.


Grassi V., Introduction à la sociologie de l’imaginaire, érès, Toulouse, 2005.


Jung C.G., Les racines de l’inconscient. Études sur l’archétype (1954), Le livre de poche, Paris, 1995.


Legros P., Monneyron F., Renard J.-B., Tacussel P., Sociologie de l’imaginaire, Armand Colin, Paris, 2006.


Maffesoli M., La connaissance ordinaire, Méridiens, Paris, 1985. Maffesoli M., L’ordre des choses, CNRS éditions, Paris, 2014.


McLuhan M., Du cliché à l’archétype : la foire du sens, trad. par D. de Kerkhove, Hurtubise, Montreal, 1973.


Platon, Phèdre ou De la beauté des âmes, Albin Michel, Paris, 1960.
Schopenhauer A., Le monde comme volonté et comme représentation (1886-1889), PUF, Paris, 1966. Tacussel P., Mythologie des formes sociales, Méridiens, Paris, 1995.


Modalités de contribution :


Les textes devront parvenir en français ou anglais et feront l’objet d’une évaluation par les pairs. L’approche théorique et la méthodologie d’analyse doivent bien être explicités.
Remise des articles définitifs pour le 12 décembre 2024 à envoyer à : revue.societes@univ-montp3.fr


Consignes aux auteurs


Les textes en français ou en anglais doivent être d’une longueur comprise entre 25 000 et 30 000 signes, espaces compris, en format Times New Roman, caractère 12, interligne 1,5, citation avec note en bas de page (ex.: E. Morin, L’Esprit du temps, Éditions Grasset Fasquelle, Paris, 1962.) guillemets standardisés « », bibliographie standardisée (ex. Durand G., L’imagination symbolique (1964), PUF, Paris, 2008.). Il est demandé, en outre, pour chaque article un compte rendu en français, un abstract en anglais et trois ou quatre mots-clés en français et en anglais. Statut et coordonnées professionnelles de l’auteur dans le texte ex : Prénom, Nom, Professeur de.., Laboratoire, Université.


Responsables du numéro : Pier Luca Marzo, Fabio La Rocca